Cette page ne suppose pas que quelqu’un “sait tout” ou contrôle tout. Elle regarde plutôt dans quelles conditions une guerre devient, pour certains, une option désirée : pour détourner la lumière, souder par la peur, protéger un pouvoir fragile, gagner de l’argent, sauver un récit en fin de vie, ou parce qu’ils ne savent plus vivre sans conflit.
Quand on demande :
“Pourquoi la guerre est-elle voulue par certains ?”
on peut imaginer une petite pièce fermée où quelques personnes cyniques se réunissent et décident froidement d’allumer un conflit. Cela arrive parfois, mais ce n’est qu’une partie de la réalité.
Il y a en fait plusieurs niveaux de “volonté” :
Clé La guerre peut être “voulue” sans que quelqu’un dise explicitement “je veux une guerre”. La volonté peut être cachée dans les structures, les intérêts, les récits, les peurs, les profits.
Cette page décrit ces niveaux, sans prétendre juger des intentions réelles de personnes précises (que je ne peux pas connaître).
Pour certains dirigeants ou systèmes, la guerre est “voulue” parce qu’elle permet de ne pas regarder ce qui craque à l’intérieur :
Tant que l’attention est tournée vers un ennemi extérieur, on parle moins de :
Une guerre bien “timée” peut retarder le moment où un pouvoir doit répondre de ses actes devant son propre peuple.
1. La situation interne devient explosive (colère, manifestations, pertes de repères).
2. Un récit se construit : “nous sommes menacés de l’extérieur”.
3. La critique interne devient suspecte (“vous affaiblissez le pays”).
4. L’ennemi extérieur absorbe la tension qui visait le pouvoir.
Un répit. Un écran. Une diversion massive.
Même si la guerre détruit beaucoup de choses, elle donne un bénéfice immédiat à ceux qui veulent simplement éviter d’assumer la vérité sur l’état réel de leur régime.
Ça ne “marche” qu’un temps. Mais sur le moment, la tentation est immense.
La guerre est “voulue” aussi parce qu’elle permet de resserrer un peuple autour de ceux qui gouvernent.
En temps “normal”, un pouvoir doit :
En temps de guerre, il peut dire :
La peur de l’ennemi extérieur devient un outil pour obtenir l’adhésion intérieure.
La guerre permet de justifier :
Tout cela peut être présenté comme :
En jeu Plus un pouvoir a peur de perdre le contrôle, plus la guerre devient, pour lui, un moyen séduisant d’obtenir une loyauté qu’il ne parvient plus à inspirer autrement.
Pour certains acteurs économiques, la guerre n’est pas seulement une tragédie. C’est aussi un marché extrêmement rentable.
Sans détailler des noms, on peut pointer plusieurs secteurs :
Pour ces acteurs, la guerre signifie :
Cela ne prouve pas un complot global, mais cela met en évidence une chose simple :
Certains secteurs ont un intérêt économique objectif à ce que les tensions restent fortes, les armées robustes et les conflits fréquents.
Dans un tel contexte :
Structure Même sans personne pour dire “je veux la guerre”, des intérêts puissants poussent à maintenir un niveau de conflit ou de tension suffisant pour que ce marché prospère.
Pour certains individus, groupes, leaders idéologiques ou religieux, la guerre donne quelque chose qu’ils n’ont pas autrement : une identité forte et claire.
La guerre permet de devenir :
Sans la guerre, ces personnes seraient peut-être :
La guerre offre un rôle “grandiose” à des personnes qui ne se sentent exister que dans l’exceptionnel.
Pour un groupe qui se vit comme :
la guerre (ou la lutte armée, ou la confrontation radicale) peut apparaître comme :
Réalité Une identité fissurée préfère parfois se sacrifier dans la guerre plutôt que d’accepter sa propre transformation pacifique.
Beaucoup de systèmes (empires, idéologies, États, blocs de pouvoir) sentent, confusément, que leur récit ne tient plus :
Au lieu de reconnaître :
“Notre histoire est arrivée au bout d’elle-même.”
certains préfèrent :
“Nous allons sauver ou purifier ce récit, quitte à passer par la guerre.”
Le récit ne convainc plus : les jeunes n’y croient plus, les faits le contredisent, les tensions montent.
Plutôt que de reconnaître l’épuisement du récit, on désigne un ennemi responsable de cette perte de crédibilité.
La guerre est présentée comme le prix à payer pour “sauver” ou “purifier” le récit, quitte à tout détruire.
Eschaton Ici, la guerre est le sursaut d’un récit qui ne veut pas mourir. Il préfère tout emporter plutôt que d’accepter sa fin.
Certains systèmes (armées, appareils sécuritaires, alliances, blocs idéologiques) ont été conçus pour la confrontation. Ils se sentent à l’aise dans :
Pour eux, une paix réelle, profonde, durable pose une question vertigineuse :
“Qui sommes-nous, si nous n’avons plus d’ennemi ?”
Des organisations entières (militaires, sécuritaires, industrielles) :
Une paix trop profonde les placerait devant un vide de fonction.
Pour certains individus, la guerre (ou la préparation constante à la guerre) :
La paix leur apparaîtrait comme fade, insignifiante, voire menaçante.
Constat Dans ce type de système, la guerre est “voulue” non par sadisme pur, mais parce qu’elle est l’unique langage que l’on sait encore parler.
Au final, la guerre est rarement le produit d’une seule volonté parfaitement consciente. C’est plutôt la rencontre de plusieurs dynamiques :
Tout cela crée une sorte de volonté diffuse :
La guerre devient, pour certains, le moindre mal, le moyen de survivre un peu plus longtemps, la seule façon de garder une cohérence, même si le prix est inavouable.
Clarté Dire que “certains veulent la guerre” ne signifie pas que tout le monde la veut, ni que tout est contrôlé. Cela signifie qu’il existe des acteurs pour qui la guerre est la solution la plus avantageuse – ou la moins insupportable – dans un monde où ils refusent d’affronter ce qui craque vraiment.
Pour garder à portée de main une version condensée :
Comprendre cela ne justifie aucune guerre. Mais cela peut aider à ne plus être dupe des récits qui la présentent comme “inévitable” ou “désintéressée”.