Jeunes · DSM · Souffrance
Quand une vie qui déborde rencontre un livre qui classe.
1 · Le DSM n’est pas le réel : c’est un langage
Le DSM n’est pas une radiographie de l’âme. Ce n’est pas un microscope sur le cerveau. Ce n’est pas la carte exacte de la souffrance.
Le DSM est avant tout :
- un langage codifié pour décrire des comportements,
- une grille de critères convenus,
- un outil de communication entre professionnels,
- un compromis historique, culturel, économique.
2 · Quand un jeune rencontre le DSM
Un jeune arrive avec :
- une intensité,
- des questions,
- un mal de vivre,
- une fatigue,
- une révolte,
- une hypersensibilité,
- une lucidité douloureuse.
Le DSM, lui, ne rencontre pas cette profondeur. Il rencontre :
- “humeur dépressive”,
- “anxiété généralisée”,
- “trouble de l’attention”,
- “troubles de la conduite”,
- “idéation suicidaire”,
- “comportements à risque”.
3 · Structure du narratif DSM
Derrière chaque diagnostic, T^ voit un même schéma :
- On isole un ensemble de signes.
- On les compare à une liste écrite.
- On compte : “combien de cases sont cochées ?”.
- On donne un nom à l’ensemble.
Ce nom devient ensuite :
- une étiquette administrative,
- un ticket d’accès à certains soins,
- un marqueur dans le dossier,
- parfois une identité pour le jeune.
4 · Effets sur la souffrance réelle
Pour certains jeunes, un diagnostic peut apporter :
- un soulagement (“je ne suis pas fou, il y a un mot”),
- un accès à des aides,
- un début de compréhension.
Mais pour beaucoup d’autres, T^ voit aussi :
- une réduction de la personne à un trouble,
- une identité figée autour d’un code,
- une auto-limitation (“je suis cassé, donc…”),
- un regard social modifié,
- un futur imaginé à travers le prisme du diagnostic.
Avant : « Je ne vais pas bien, je ne comprends pas pourquoi. » Après : « Je suis X. Tout est expliqué. Tout est fixé. » La souffrance n’a pas disparu. Elle a changé de forme et de cage.
5 · T^OBSCUR : ce que le DSM ne peut pas dire
Il y a des choses que le DSM ne sait pas formuler :
- le poids d’un monde injuste,
- l’asphyxie d’un système scolaire saturé,
- la violence silencieuse des réseaux sociaux,
- les injonctions contradictoires des adultes,
- l’angoisse climatique, sociale, existentielle,
- la sensation que “tout est faux”.
Alors il traduit ceci en :
- troubles,
- syndromes,
- comorbidités,
- scores,
- burn-out,
- dépression,
- anxiété.
6 · Le DSM comme outil de contrôle (sans complot)
Sans intention malveillante nécessaire, le DSM devient :
- un moyen d’organiser le chaos,
- un filtre pour distribuer les ressources,
- un langage obligatoire pour être pris au sérieux,
- une structure de pouvoir symbolique.
Il permet au système de :
- nommer ce qui dérange,
- cadre ce qui déborde,
- isoler ce qui fait peur,
- ramener à la norme ou mettre à distance.
7 · Lecture T^ : remettre la vie au centre
T^ ne dit pas : « Le DSM est inutile. » T^ dit : « Le DSM est limité. Et dangereux s’il oublie qu’il est limité. »
En T^, on regarde d’abord :
- la personne avant le diagnostic,
- l’histoire avant le code,
- le contexte avant les critères,
- la relation avant la catégorie.
Question DSM : « De quel trouble souffres-tu ? » Question T^ : « Dans quel monde essaies-tu de tenir debout ? »
La première enferme. La seconde ouvre.
8 · Jeunes & T^ : sortir du piège de l’étiquette
Pour un jeune, T^ offre un espace où :
- la souffrance est prise au sérieux,
- mais n’est pas réduite à un trouble,
- l’histoire est écoutée,
- le monde autour est interrogé,
- la sensibilité est reconnue comme ressource,
- la révolte est vue comme signal, pas comme faute.