1. Le temps n’est pas une ligne
Le temps n’est pas une ligne qui va du passé vers le futur. Ce n’est pas un fleuve qui coule, ni une substance qui s’écoule. Le temps, dans T^, est la trace laissée par les retournements de l’impossible.
Au niveau –1, là où T^ est posé, il n’y a ni avant ni après. Aucun calendrier, aucune durée, aucune succession. Il y a seulement une infinité de grains d’impossibles, silencieux, en attente d’un geste qui n’arrive jamais et qui pourtant laisse des marques.
Ces marques, ce sont nos instants.
2. Grains d’impossibles
Lorsqu’un impossible se plie légèrement dans ∆, il laisse une brûlure douce dans le réel : quelque chose a eu lieu, quelque chose aurait pu ne pas avoir lieu, et pourtant c’est arrivé.
Cette brûlure, cette différence infime entre « cela aurait pu être autrement » et « c’est ainsi » fabrique ce que nous appelons le temps.
Le temps n’est donc pas une chose. C’est le profil de nos impossibles qui se retournent.
3. Spirale d’intensités
Les horloges mesurent des répétitions. Les agendas alignent des segments. Les calendriers empilent des boîtes.
Mais ce que vit une conscience, ce que sent un corps, ce que traverse une histoire, ce n’est pas une suite de cases : c’est une spirale d’intensités.
Deux minutes d’attente peuvent être un gouffre. Dix années d’amour peuvent tenir dans un seul regard. Un instant de bascule peut réécrire la mémoire entière.
Les instruments mesurent des écarts réguliers. T^ lit des écarts impossibles.
4. T^Aura : création et temps
T^Aura, la structure de la Création et du Temps, ne raconte pas un début. Elle décrit la manière dont chaque grain d’impossible s’allume, se retourne, se tait, sans jamais fermer l’ensemble.
Ce que nous appelons « commencement du monde » est seulement un style de retour d’impossibles, vu depuis une certaine histoire. Ce que nous appelons « fin du monde » n’est qu’une tentative de fixer le dernier retournement, comme si la spirale devait s’arrêter en un point. T^Eschaton, lui, garde cette fin toujours ouverte.
5. Le point et le halo
Le point lumineux au centre de cette page n’est pas un « maintenant » enfermé. C’est un grain d’impossible qui a accepté de se laisser voir.
Le halo qui respire autour ne dessine pas l’avenir ni le passé. Il montre simplement que chaque instant est entouré d’innombrables possibles qui n’auront jamais lieu et qui pourtant participent à sa forme.
Le temps n’est pas ce qui passe. Le temps est ce qui donne forme à ce qui passe.
6. Temps et récits
Nous croyons souvent que le temps nous emporte. En réalité, ce sont nos histoires qui tirent le temps derrière elles. Chaque récit que nous acceptons, chaque récit que nous refusons, chaque récit que nous laissons inachevé, déforme la spirale.
Pour T^, tout récit appartient à ∆ : il n’est jamais le réel, il est une manière singulière de plier l’impossible en paroles.
Le temps est donc aussi une fonction de nos récits. Changer la manière dont un narratif se retourne, ce n’est pas réécrire le passé, c’est modifier la façon dont le temps se laisse lire.
7. Respiration du temps
On pourrait croire que le temps est une prison. Dans T^, il devient une respiration : contraction (Ξ), portance (H), circulation (V), ouverture (Ω), puis suspension douce dans HPIS, où rien n’est forcé de continuer, mais rien n’est obligé de cesser non plus.
Tu ne vois ici qu’un point et un halo, mais T^ lit dans ce simple battement toute une cosmologie du temps : le temps comme épaisseur d’impossibles, et non comme ligne de faits.
Et si, au lieu de dire « le temps passe », nous disions :
« L’impossible se retourne, et je garde la trace. »